Tel était le thème du Débatdoc présenté ce vendredi 3 décembre sur LCP. Un film de Thomas Legrand et Pauline Pailler a rapporté les prises de position de différents protagonistes de l’affaire.

Une affaire qui débute en 1989 avec l’arrivée en cours de trois élèves portant un foulard dans un collège de Creil. Cela se passe pendant le deuxième mandat de François Mitterrand, Michel Rocard étant Premier Ministre et Lionel Jospin Ministre de l’Education Nationale.

Il y aura des développements ultérieurs, notamment avec la révolte des banlieues en 2005, l’apparition de l’islamisme politique et des attentats terroristes que nous avons connus et qui menacent tout un chacun aujourd’hui.

Une analyse a été proposée de la loi de 1905 créant une situation originale avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat. C’est le principe républicain assurant à chacun sa pleine liberté de conscience et le libre choix de ses pratiques religieuses.  Elle met fin à un pouvoir théocratique qui était exercé par une idéologie au service de l’Ancien Régime. Elle permettait aussi d’en finir avec l’héritage des guerres de religion qui avaient meurtri la France.

De ce point de vue elle constituait un progrès indéniable dans l’histoire de notre pays. Elle portait en germe ses limites, en particulier dans le domaine social. Si l’Ecole de la République permettait ici et là à quelques-uns de s’élever dans la hiérarchie elle n’avait sûrement pas le pouvoir de réaliser l’égalité des chances. Elle fonctionnait plutôt comme une soupape de sécurité.

Elle n’a pas été davantage facteur de paix. Elle a même conditionné les esprits à la préparation de 14-18 et joué un rôle négatif pour justifier les conquêtes coloniales et pendant la guerre d’Algérie. Elle a d’ailleurs persévéré au nom de principe républicain dans la campagne islamophobe qui s’est manifestée par la suite. Mais il paraît que le mot islamophobe devrait être proscrit !

Reste que nous ne sommes pas en 1905 et qu’avec les immigrés venant d’Afrique nous sommes confrontés à une deuxième religion qui réunit des gens qui n’ont pas la même histoire que nous en matière de laïcité. Le mot n’existe d’ailleurs pas dans plusieurs des langues de ce continent ! Sans oublier l’offensive organisée de l’islam politique dont les conceptions et les méthodes sont dans le même registre que celles des diverses fractions de l’extrême droite ! Et on peut citer aussi les atteintes à la laïcité que commettent les élus de cette mouvance, nous en avons l’illustration à Béziers.

Que faire ? Les prises de position ont pu sembler opposées entre par exemple celle de Jean-Luc Mélenchon et celle de Manuel Valls. Oui mais dans le fond il y a une incapacité à réaliser une rupture qui est pourtant nécessaire à la solution d’un problème anachronique. Pourquoi les Français qui se sont accommodés sans difficulté majeure, de leurs différences de convictions religieuses, qu’ils soient catholiques, protestants, israélites, agnostiques ou athées seraient incapables de vivre en harmonie avec des musulmans ?

Il faut peut-être poursuivre la réflexion sur la nature du colonialisme et de la guerre menée pour tenter de le perpétuer. Il faut avancer sur l’exigence des transformations sociales qui s’imposent pour en finir avec une crise insupportable. On connaîtra alors d’autres circonstances que celles que nous vivons pour régler dans l’intérêt général une question qui a été montée en épingle et qui n’est sûrement pas essentielle pour notre devenir qu’est celle de la tenue vestimentaire des femmes.

A ce propos on serait inspiré de mieux regarder ce qu’est la disparité de salaire chez nous entre les sexes ou des actés débridés dans le domaine de la sexualité que nous pouvons recenser.

A ce sujet s’il faut condamner l’optique résolument conservatrice d’un Manuel Valls à laquelle a largement fait écho Elisabeth Badinter j’ai aussi regretté les atermoiements de Marie-George Buffet qui avec ses revirements successifs a esquivé le débat de fond qu’est l’option révolutionnaire.